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PSYCHOLOGIE DU PRÉSIDENT WIl.SON 643

idées. Ce fut sans doute lorsqu'il se laissa enfin persua- der, — ce qui découragea ses conseillers, — que les dépenses accomplies par les Gouvernements alliés en vue du paiement des pensions et des allocations pou- vaient être nettement regardées dans un sens dans lequel on ne pouvait plus envisager les autres frais de guerre, comme « dommages causés à la population civile des puissances alliées et associées par l'agression de l'Allemagne sur terre, sur mer et dans les airs ». Il y eut une longue lutte théologique, dans laquelle bien des ar- guments furent rejetés. Finalement, le Président capitula devant le chef-d'œuvre des sophistes.

Enfin, l'œuvre fut accomplie et la conscience du Pré- sident était toujours intacte. En dépit de toute chose, je pense que son tempérament lui a permis d'être toujours, en quittant Paris, un homme vraiment sincère. 11 est probable qu'il est encore foncièrement convaincu qu'en fait le traité ne contient rien qui soit en opposition avec ses déclarations précédentes.

Mais l'œuvre était trop complète, et c'est à cela qu'est dû le dernier épisode tragique de ce drame. Dans sa réponse, Brockdorff-Rantzau avait nécessairement suivi l'idée que l'Allemagne avait déposé les armes sur les bases de certaines assurances avec lesquelles, par beau- coup de points, le traité était en opposition. Mais cela justement, le Président ne pouvait l'admettre. Au milieu des peines de la méditation solitaire et dans les prières qu'il adressait à Dieu, il n'avait rien fait qui ne soit juste et bien. Si le Président avait admis que la réponse alle- mande eut une force quelconque, cela aurait détruit son amour-propre et rompu l'équilibre intérieur de son âme.

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