PSYCHOLOGIE DU PRÉSIDENT WILSON 637
plans et leurs principes et à passer par leur chemin.
Ces causes, ainsi que beaucoup d'autres, se combinè- rent pour former la situation que nous allons voir. Le lecteur doit se souvenir, d'ailleurs, que les événements qui sont ici resserrés dans quelques pages, se sont pro- duits lentement, progressivement, insidieusement, du- rant une période d'environ cinq mois.
Le Président n'ayant rien préparé, le Conseil travail- lait en général d'après un plan français ou anglais. Il devait donc constamment s'opposer au projet, le criti- quer, le repousser, s'il voulait le mettre en concordance avec ses idées et ses desseins personnels. Si des conces- sions d'apparence généreuse lui donnaient satisfaction sur certains points, ("il y avait toujours une certaine marge remplie de suggestions absurdes, auxquelles per- sonne n'attachait d'importance), il lui était difficile de ne pas céder sur d'autres. Les compromis étaient inévi- tables, et il était très difficile de ne pas en faire sur les points fondamentaux. En outre, on fit bientôt passer le Président pour le défenseur de l'Allemagne, et il s'exposa à l'allusion (à laquelle il était sottement et malheureuse- ment sensible) d'être « germanophile ».
Après avoir fait étalage de beaucoup de principes et de dignité, dans les premiers jours de la Conférence des Dix, il découvrit qu'il ne pourrait pas assurer la défaite de certaines parties du programme de ses collègues, — Français, Anglais ou Italiens, suivant les cas, — par les procédés de la diplomatie secrète. Qu'avait-il à faire en dernier recours? Il pouvait laisser la conférence traîner en longueur et user d'une obstination pure et simple. Il pouvait rompre et dans sa colère revenir en Amérique,
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