542 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
Le découragement le plus imperceptible ne V arrêta jamais de porter sa fureur jusqu'aux confins invraisemblables du possible...
mais il faut bien « que le juste en témoigne », ce siècle,
Cet égorgeur qui tint cent peuples dans sa poigne Et s'acharna sur tous les soleils tour à tour, J'atteste qu'il avait les mains moites d'amour.
«Les mains moites d'amour» : voilà, n'est-il pas vrai, de la sensibilité vraie et bien moderne ! Et cela passe pour de la poésie. J'imagine que les femmes à qui le fox-trott laisse quelques rares instants de loisir en font leurs délices. Les femmes ont de tout temps contribué pour une bonne part à faire la réputation des poètes, Lamartine, Musset, autrefois, Samain naguère, mainte- nant l'auteur de Toi et Moi et l'auteur de la Quadrature de l'Amour ! N'est-ce pas un signe cruel de la déca- dence du goût ?
Les quelques extraits qu'on a pu lire permettent d'apprécier la qualité de la langue et du style. C'est bien celle qui convenait aux « idées » de cet écrivain qui semble être constamment en proie au démon de l'im- propriété, on ne finirait pas d'en citer des exemples : c'est une douleur que distraitement « il distille du bout du cigare », un cœur qu'on « voudrait crocheter d'un coup de fleuret », une vie humaine qui « s'écoule entre les quatre murs d'une bibliothèque », ou encore des amours qui « interviennent à l'improviste »...
D'un homme peu délicat sur le chapitre des bonnes fortunes on nous dit qu' « il manque de sélection » et, pour signifier que Manon Lescaut est un ouvrage unique
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