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LES TROIS MIRACLES DE SAINTE-CÉCILE 509

(Impérieuse)

Valérien^ je vous ai choisi pour la vie : m'entendez-vous? je n'admets pas pour vous de mort; l'immortel mariage a scellé notre sort et nous ferons tout le chemin, de compagnie.

(Lui saisissant la main, dans le transport d'une extase sereine.)

Comme aujourd'hui, voyez! je tiendrai votre main; comme aujourd'hui nous aurons la jeunesse ; nous irons doucement, nos ombres sans déclin ne reculeront pas devant le jour qui baisse. Le soleil sera haut, il ne tombera pas de l'arbre d'Orient, comme un fruit las de vivre ; nous monterons; la pente entraînera nos pas à l'inverse du flot terrestre entre ses rives, je serai là, vous serez là ; mais purs et frais nos corps ne sentiront frémir en eux que l'âme ; nous chanterons, comme ici-bas on parle, d'un seul trait, de longs psaumes dorés, flexibles, diaphanes. Il n'y sera loué que la joie et l'amour : pas un désir insatisfait, pas un sourire qui ne se reconnaisse au sourire du jour ; pas un son de nos voix qui n'éveille une lyre. Et, plus nos cœurs sembleront comblés, sur le point de n'avoir plus de place libre pour l'extase, plus l'extase, affluant en eux, les. fera pleins d'un excès que, sans cesse, un autre excès dépasse. Mais le plus beau sera l'échange lumineux de nos deux êtres, comme aujourd'hui, côte à côte,

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