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508 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

VALÉRIEN Qui parle de mourir?

CÉCILE

Nous mourons chaque jour; mais, mon ami, j'ai pour vous trop d'amour pour accepter jamais de vous survivre. Ne dites pas que je refuse rien de moi à celui qu'ici bas, j'ai choisi pour mon maître ; je lui donne encor plus qu'il n'attend, qu'il ne croit, plus qu'il ne veut de moi, peut-être...

— Valérien, j'ai conçu pour vous des espoirs^

tels que ne les peut concevoir, si larges et si beaux, cet amour même

qui vous fend l'âme avec le corps,

comme le fût d'un arbre fort

sous le coup de hache suprême.

Ah ! criez! ce n'est pas assez

d'étreindre en votre sein blessé

la joie humaine et sans mesure

qui donne et panse la blessure...

Ce n'est pas assez de semer

pour le champ qui nous fut prêté

sur une terre avare et courte

que le regard embrasse toute...

Ce n'est pas assez de dire au plaisir : tu serviras ! et de l'enchaîner à la pierre

d'un foyer sacré, nombreux et prospère... Et ce n'est pas assez de vivre, pour mourir.

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