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et si je rapportais chacune des innombrables absurdités que je rencontrais à chaque pas.

On fit asseoir le prisonnier au banc des accusés et le jury prêta serment à peu près de la même manière qu’en Europe. Presque toutes nos formes de procédure se trouvaient reproduites, jusqu’à la question posée au prisonnier s’il plaidait coupable ou non-coupable. Il plaida non-coupable, et le procès commença. L’accusation s’appuyait sur de fortes présomptions ; mais je dois dire, pour rendre justice à la Cour, que le procès fut conduit avec la plus grande impartialité. Le défenseur de l’accusé put faire valoir tous les arguments capables d’exonérer son client. Sa thèse était que l’accusé faisait semblant d’être phtisique afin de frauder une compagnie d’assurances sur la vie, à laquelle il était sur le point d’acheter une rente viagère, qu’il espérait obtenir, par ce moyen, à meilleur compte. Si on avait pu démontrer que cela était vrai l’accusé aurait été absout et envoyé dans un hôpital comme atteint d’un mal moral. Mais cette thèse ne pouvait raisonnablement pas se soutenir, en dépit de toute l’ingéniosité et de toute l’éloquence d’un des plus célèbres avocats du pays. La chose n’était que trop évidente, car l’accusé était presque mourant, et il était surprenant qu’il n’eût pas été jugé et condamné depuis longtemps déjà. Il ne cessa pas de tousser tant que durèrent les débats, et les deux geôliers qui le gardaient eurent toutes les