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402 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

plus humbles rôles tenus souvent par des acteurs déjà qualifiés. Je renvoie au programme et je félicite la compagnie. Un mot sur les costumes qu'a dessinés le peintre Fauconnet peu de temps avant de mourir : ils sont d'un goût parfait et d'un éclat vraiment splendide sur les beaux degrés de ciment où le pas tient si bien et frappe si mat. Disons le mot : nous ne sommes plus au théâtre. Nous sommes aujourd'hui dans l'œuvre de Shakespeare ; et nous serons dans une autre demain, sans qu'ait changé en rien la scène ; c'est l'œuvre qui la changera. Déposant toute fausse honte, applaudissons d'autant plus fort que nous sommes amis de Jacques Copeau.

HENRI GHÉON

��LES BALLETS RUSSES A L'OPERA : LA BOUTIQUE FANTASaUE, LE TRICORNE, LE CHANT DU ROSSI- GNOL.

Il y a fort longtemps déjà que la troupe de M. de Diaghilev a quitté la Russie; dès avant 1914, elle avait perdu toute attache fixe avec son pays d'origine et avait commencé d'errer à travers le monde. Il semble cependant que la guerre et la révolution russe aient augmenté sa séparation d'avec la patrie et l'aient définitivement retranchée de ses bases.

Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseaux,

M. de Diaghilev ne s'est pas lâchement résigné à sa solitude ; il a au contraire essayé de retrouver autour de lui des collaborateurs et des aides ; il a noué des alliances avec les artistes des pays qu'il tra- versait; il s'est aussi adroitement que possible assimilé la substance que l'étranger pouvait lui fournir. Dans ses dernières créations, en particulier, l'élément français, l'espagnol, et même l'italien, ont pris une importance considérable.

Ce sont donc pour la plupart des œuvres métisses que nous sommes aujourd'hui invités à juger. Ce caractère en fait l'intérêt tout spécial, mais explique peut-être aussi qu'aucune d'elles ne réussisse à nous donner une impression parfaitement pure et homogène et qu'au plaisir

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