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REFLEXIONS SUR LA LITTERATURE 43 I

Et qu'il y ait ici invention de sentiment plus qu'invention gram- maticale, le passé de la langue suffit à le prouver. Vous donnez comme une forme principale de l'éternel imparfait de Flaubert, les « paroles des personnages que Flaubert rapporte habituellement en style indirect pour qu'elles se confondent avec le reste. (« L'Etat devait s'emparer de la Bourse. Bien d'autres mesures étaient bonnes encore. Il fallait d'abord passer le niveau sur la tête des riches... », tout cela ne signifie pas que Flaubert pense et affirme cela, mais que Frédéric, la Vatnaz ou Sénécal le disent, et que Flaubert a résolu d'user le moins possible des guillemets); donc cet imparfait, si nouveau dans la littérature... » Si nouveau? Même cette forme extrême de l'imparfait narratif, qui en fait l'équivalent du discours indirect, se rencontre au XVII* siècle. La Fontaine en a usé peut- être plus hardiment que Flaubert :

Si quelque chat faisait du bruit, Le chat prenait l'argent.

Il nageait quelque peu, mais il fallait de l'aide.

et cette gamme incomparable de temps :

L'Arbre étant pris pour juge, Ce fut bien pis encore, il servait de refuge Contre le chaud, la pluie et la fureur des vents. Pour nous seuls, il ornait les jardins et les champs. L'ombrage n'était point le seul bien qu'il sût faire. Il courbait sous les fruits. Cependant pour salaire Un rustre l'abattait : c'était là son loyer ; Quoique pendant tout l'an libéral il nous donne Ou des fleurs au printemps ou du fruit en automne, L'ombre l'été, l'hiver les plaisirs du foyer. Que ne Vémondait-on sans prendre la cognée ? De son tempérament tl eût encor vécu.

Dans : «c'était une maison basse, avec un jardin montant jusqu'en haut de la colline, d'où l'on découvre la mer », vous avez vu très justement que « le présent de l'indicatif opère un redressement, met

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