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SI LE GRAIN NE MEURT 423

de poussiéreux débris, ou derrière la provision de bois et de sarments, les frimousses des petits chats de Rose, encore trop jeunes pour préférer, comme leur mère, au capharnaùm de grenier natal, la tiède quiétude de la cuisine, les caresses de Rose, l'âtre et le fumet du rôt tournant devant le feu de sarments.

Tant qu'on n'avait pas vu ma grand'mère, on pouvait douter s'il y avait rien au monde de plus vieux que Rose; c'était merveille qu'elle pût faire encore quelque service ; mais grand'mère en demandait si peu î Et, quand nous étions là, Marie aidait au ménage. Puis, Rose enfin prit sa retraite, et, avant que ma grand'mère se rési- gnât à aller vivre à Montpellier chez mon oncle Charles, on vit se succéder chez elle les plus déconcertants spé- cimens ancillaires. L'une grugeait, l'autre buvait ; la troi- sième était débauchée ; je me souviens de la dernière, une salutiste, dont ma foi l'on commençait d'être satis- fait, lorsque ma grand'mère, certaine nuit d'insomnie, s'avisa d'aller chercher dans le salon le bas qu'elle achevait éternellement de tricoter.

Elle était en jupon de dessous, en chemise et en bonnet de nuit ; peut-être au surplus flairait-elle quelque chose d'anormal ; elle entr 'ouvre avec précaution la porte du salon, le découvre plein de lumières... Deux fois par semaine, la salutiste « recevait » ; c'était dans l'apparte- ment de grand'mère d'édifiantes réunions, assez courues, car, après le chant des cantiques, la salutiste offrait le thé. On imagine, au milieu de l'assemblée, l'entrée de ma grand'mère dans son accoutrement nocturne. C'est peu de temps après qu'elle quitta définitivement Uzès.

Avant de le quitter avec elle, je veux parler encore de

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