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39^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tempes, contre nos visages dérangés. « Tu vis ? Est-ce que tu vis? Ton cœur, est-ce qu'il bat? Oui, mais l'autre, ton coeur qui aime ? »

Elle répondait toujours : «Oh, si ! Oh, si ! » et rien de plus. C'était à chaque fois qu'elle respirait, et douce- ment, et sur deux notes, la première plus haute et l'autre plus basse, comme le petit cri d'un oiseau, invi- sible, à la cime du soir.

��LE BONHEUR

Elle est là, je suis là, nous sommes seuls. J'attends cette heure depuis que j'existe.

« Il fait beau ! On va bien souffrir... » Hideuses jour- nées trop belles. Une face pâle, aux yeux de cendre, me regarde du fond de cette splendeur. Tristesse de l'été.

Tristesse de l'été. Jamais ce que je vivrai ne sera aussi beau que l'été. Eté perdu. Été en vain.

Eté pendant ces quinze jours entre ceux où nous nous voyons. J'avais oublié votre visage. (Pauvre visage ou- blié).

Nous marchons, nous ne nous voyons jamais qu'en marchant. Je ne vous connais pas de face. Je ne connais pas votre visage.

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