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MŒURS SCIENTlFiaUES EN AUSPASIE 379

pour Sir Harry Tower-Pooridge, du British Gymnasium. C'est un cerveau généreux et hardi qui n'a cessé de porter aux coléoptères un intérêt émouvant. Ne me remerciez pas, je ne fais que mon devoir, cher Monsieur Balthazar...

Une dernière fois, Léonard tenta de dissiper un malen- tendu qui offensait plus encore son esprit que son orgueil. Il dut, malgré qu'il en eût, empocher une lettre de recommandation, bégayer des remerciements, sup- porter plusieurs poignées de mains et cacher sa rou- geur.

Tant d'amabilité lui fit trouver une énergique saveur à l'accueil grossier du Professeur Abraham Scrùbe.

M. Scrube, de l'Institut, habite, avec une bonne tyran- nique qu'il s'emploie à servir docilement, un petit appar- tement situé sous les toits. Vous connaissez sûrement l'aspect de M. Scrùbe dont l'image a peuplé les magazines du monde entier. C'est un vieillard minuscule à longs cheveux gris. Il est à ce point enfoncé dans les choses de l'esprit qu'il laisse sa personne matérielle dans l'abandon le plus édifiant. Il a inventé cinq ou six poisons violents ou insidieux dont les peuples de notre continent se sont copieusement servis durant la dernière guerre. M. Scrùbe est justement honoré chez nous comme un philanthrope, car ses poisons n'ont jamais été employés que contre les ennemis du droit et de la liberté. M. Abraham Scrùbe a d'ailleurs amassé une fortune considérable, mais il n'en fait aucunement état. C'est un simple, c'est un modeste ; vous le comprendrez encore mieux quand je vous aurai dit qu'il vint lui-même, en savates et en redingote lui- sante, ouvrir sa porte à Léonard.

— Que voulez-vous ? demanda M. Scrùbe en calant la

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