367
��LETTRE SUR LES MŒURS SCIENTIFIQUES EN AUSPASIE
��Réjouissez-vous, bon ami, car je vous apporte une heureuse nouvelle. Un de mes compatriotes, un habi- tant de ce royaume, a fait une découverte fort impor- tante, une de ces découvertes dont l'humanité tout en- tière peut tirer orgueil et profit.
L'homme dont il s'agit est un savant fort modeste. Entendez qu'il est plein de modestie et ne jugez pas de ses mérites à ce mot, car, au regard de son talent, je tiens cet homme pour considérable. Je le dis donc modeste parce qu'il est singulièrement dépourvu d'éloquence, de brillant, d'habileté et, en général, de toutes les vertus qui assurent aujourd'hui la fortune de l'esprit.
Léonard, c'est ainsi qu'on le nomme, s'est distingué par des travaux si remarquables que nombre de ses con- frères ont repris ces travaux à leur compte et y ont immé- diatement attaché leur nom. Léonard est donc presque inconnu chez nous, ce qui lui permet d'exercer son génie dans une solitude non disputée et dans une indépendance voisine de l'abandon.
�� �