Page:NRF 14.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

d'une organisation du travail intellectuel 341

joie dans une liberté plus grande dont nous jouissons en commun, ayant reculé, grâce à l'efifort simultané de tous, les limites de la domination que nous exerçons sur la matière et souvent aussi sur autrui. Cette liberté suprême est pour nous l'idéal véritable et nous sommes prêts à lui sacrifier une part d'autant plus grande de nous-mêmes, que nous avons mieux compris ce qu'il contient pour nous d'infiniment précieux. Entendu de la sorte, l'idéal représente notre part d'intérêt personnel dans la fortune sociale.

Qu'il nous faille, au contraire, nous dépenser pour une œuvre qui nous restera à la fin étrangère, peiner pour des hommes auxquels nul intérêt ne nous associe, nous n'éprouverons que contrainte. De fait nous som- mes si mal instruits de nos vraies affinités que souvent nous nous sentons esclaves sur le champ même qui nous appartient.

Rien de plus important que de donner à chacun l'idée la plus forte et la plus précise de l'ensemble auquel les conditions particulières de sa vie l'obligent de collaborer. La vie, au moment où nous en prenons conscience, s'offre à nous avec certaines nécessités dont nous ne sommes pas maîtres. Nous ne pouvons choisir la com- munauté dont nous faisons partie. Il nous faut donc l'accepter et connaître les conditions de sa prospérité. Apprenons à quel point nous sommes intéressés au succès de l'œuvre commune et à la fois que ce succès dépend de nous. La force d'un groupe est la somme des forces individuelles qui le composent. La croyance en je ne sais quelle âme sociale douée d'une énergie propre est purement mystique. Cette croyance a son prix pour

�� �