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D UNE ORGANISATION DU TRAVAIL INTELLECTUEL }2l

lement confiée. Nous aurons fait un grand pas vers la concorde sociale, quand nous leur aurons rendu justice.

M. Jouhaux se demande comment il serait possible de restituer l'ordre dans ce monde que la guerre a boule- versé, et surtout en notre pays qui fut le plus atteint par elle. Il nous explique, sans aucun souci de polémique, les causes du malaise qui nousétreint. Il ne prétend pas les découvrir. Mais en les décrivant à nouveau, il les rend plus claires. Nous ne doutons plus qu'il faille aider cette société troublée à dégager la loi d'un nouvel équi- libre, d'une organisation plus forte et plus savante.

Une question se pose à la lecture de cette étude. Com- ment nous est-il si malaisé, à nous Français, de trouver la solution des problèmes qui se présentent devant nous, et quand même celle-ci se découvre, pourquoi éprouvons- nous tant de peine à l'appliquer? M. Jouhaux nous en indique la raison. C'est, dit-il, que l'adhésion à une idée demeure trop souvent théorique, que la reconnaissance commune d'une vérité n'entraîne pas à l'action. Il voit là un grave défaut du caractère national.

S'il en est ainsi, quelle institution, tout excellente qu'elle soit, nous guérira de notre impuissance? Le Con- seil National Économique même, quelque liberté que les activités collectives aient de s'y déployer, ne sera-t-il pas un nouvel organisme stérile, faute pour ceux qui le com- poseront d'être capables de passer de la pensée aux actes ?

Je ne nie pas la réalité des caractères nationaux, mais je puis difficilement admettre qu'ils soient inaltérables. L'opinion, cet arbitre incertain, n'a pas à toutes les époques attribué aux: nations diverses un même et cons- tant génie. La France a représenté longtemps l'ordre clas-

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