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��REFLEXIONS SUR LA LITTERATURE

LE CENTENAIRE DE GEORGE ELIOT

Le centenaire de George Eliot, en nous occupant cette année en même temps que celui de Spencer, peut nous aider à reconnaître deux figures tout à fait contrastées de l'Angleterre, comme Eliot elle-même se plaît à en voir dans Tom et Maggie Tulliver. Autant Spencer paraît un mécaniste pur, mécaniste de la pensée et de la matière, sorte d'ingénieur philosophique et moral, portant de la nébuleuse primitive à l'Etat et à l'individu de demain un point de vue, une méthode, des manies d'ingé- nieur civil (les polytechniciens venus à la philosophie et à la littérature sont peut-être en France ses analogues les plus ressemblants), — autant Eliot paraît douée uniquement et exclusivement du génie de sentir et de créer la vie : l'un et l'autre se connaissaient, se fréquentaient, s'estimaient beaucoup, et la nature de Spencer était pour Eliot un sujet d'étonnements et d'épigrammes sans fiel qu'elle ne lui ménageait pas.

On trouve cependant entre eux une ressemblance. J'ai dit quelle stupeur provoqua chez beaucoup de lecteurs V Autobiogra- phie de Spencer: on n'imaginait pas encore qu'un philosophe pût se raconter lui-même avec autant de platitude. J'ai dit que cette biographie tout de même m'intéressait fort, mais je ne demande à personne d'être de mon avis. On a publié, selon la coutume anglaise, après la mort d'Eliot, sa vie et ses lettres, avec des fragments de journal, le tout formant trois copieux volumes.

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