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L ISOLEMENT 229

une heure qui a passé sur les arbres, sur le sol, sur tout, sous forme de ce vide qui ressemble à un bloc d*acier chauffé à blanc, le temps qui s'écoulait il y a des siècles, des années sur les mêmes arbres, le même sol, le même tout... Cette chaleur lourde, c'est le passé qui devient le présent, autant dire, elle n'a pas changé depuis la création de cette terre équatoriale... Cette lumière mate, jaune- soufre, c'est le passé présent dans l'heure en train de s'écouler... "

Il me parlait ainsi et à son admiration présente pour le poème, je joignais le souvenir de la voix qui s'élevait dans la salle du café à l'instant où je sortais de table pour rentrer chez Ferrier : le phonographe nous récitait ces vers d'Henri de Régnier :

Clepsydres lentes^ clepsydres ! Urnes où boit le temps de ses livres avides^ O vous qui humectiez les lèvres de la morty Goutte a goutte^ et pour que V heure vécut encory Et qui dans la maison enfin êtes taries^ Je vous ferai stiller votre onde en pierrerieSy O vous qui suppuriez des eaux malencontreuses. Je vous abreuverai à des sources heureuses Dont vous égoutterez le cristal en matin Qui sonnera la joie au fond de mon Destin. Et je disais :

Sabliers, sabliers mornes ! Cinéraires d^ ensevelir les heures mortes. Qui faites ce qui fut d^avec ce qui sera Et qui marquez au temps la poudre de ses pas ; Vous qui filtrex avec la matière du songe

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