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144 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��Avant d'analyser les œuvres jeunes, dissipons un malen- tendu. Il est grave ; il tend à se généraliser et peut avoir des effets regrettables. Nous en trouvons l'expression dans un journal répandu où un poète qui fréquente et conseille des artistes, affirme, à propos de ce salon, malgré l'apparente absence de toute sève nouvelle, ou plutôt à cause de cet épuisement illusoire qui le laisse en repos avec ses vieilles habitudes, affirme, disons-nous, que le cubisme est cette fois bien mort, et que, débarrassée de cette ortie, enfin, " l'Intel- ligence est en fleurs ! " On a déjà fait un usage bien audacieux de ce mot. Définissons-le donc une fois pour toutes. " Intelli- gence ", en langage pictural, qualifie moins la raison spécu- lative, comme semblent le croire nos critiques, qu'une compréhension purement plastique de la réalité. Intelligence signifie : Sensibiliié orientée vers V ordre. Or, s'il y eut floraison, il y a un demi-siècle, ce fut bien d'une certaine sensibilité, — précieuse, d'ailleurs — mais* indéniablement, on'dw/éd vers le désordre ; cette sensibihté portant des fleurs d'autant plus exubérantes que le jardinier-peintre omettait de soutenir cette plante fragile du " tuteur " — si nous osons dire — de l'in- telligence plastique. Que si l'on tient absolument à une floraison au Salon d'Automne, nous accordons que c'est " l'Eté de la Saint-Martin " de l'impressionnisme, la suprême éclosion avant le retour à la terre.

Nous sommes indéniablement arrivés à " l'Age d'or " de la peinture ; nous assistons au début d'une renaissance. Mais il serait faux de croire que cette renaissance va s'opérer d'une façon éclatante, que des œuvres claires et sensibles vont nous éblouir tout à coup.

Les artistes qui, demain, d'une touche aisée et pleine d'abandon, brosseront des tableaux où l'intelligence soudera, sont encore tout crispés sur leurs premières réussites. Ils ont pour la plupart les mauvaises habitude de travail, les vices du raisonnement, le goût du paradoxe et de l'effet qui caractéri- sent les manifestations des écoles précédentes ; ils ne sont

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