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I4O LA NOUVERLE REVUE FRANÇAISE

explosif, ce sera en partie le même personnel qu'en 1898. Ne craignons pas d'en faire la discussion théorique, de transporter l'engin sur le champ de l'intelligence pure où il sera surveillé et pourra exploser sans danger. C'est peut-être l'utilité de dis- cussions et de réflexions comme celles qu'ont pris coutume d'échanger dans ces Notes des esprits divergents et amis.

ALBERT THI BAUDET

�� ��LE SALON D'AUTOMNE

Dès les premiers pas, à mesurer la tristesse qui nous gagne, nous évaluons l'étendue du travail de désagrégation des valeurs qui s'est effectué pendant la guerre. Le Salon d'Au- tomne est à peu près tel qu'il était en 1913 ; à peine s'il y manque quelques "révolutionnaires". Or, ce qui nous parais- sait malade, mais encore vivant il y a cinq ans, nous semble maintenant décomposé. A l'entrée de ces immenses nécropoles que sont certaines salles, on hésite un moment ; à quoi bon aller plus loin ? Puis le désir de trouver quand même une " attraction " est le plus fort, et on arpente la salle, en sentant grandir son angoisse et même son dégoût. Et cependant il n'est pas un seul mur qui ne fournisse mille preuves de talent et d'ingéniosité. On peut même dire qu'il n'y a presque pas d'exposant qui n'ait du talent. Rien de plus répandu, de plus évident. La plupart des peintres représentés possèdent la même petite science bien honorable, ou la même façon poHe de l'exposer. Presque pas de violences : des produits anodins, de dimensions raisonnables, sur des sujets de tout repos, dont les palmarès officiels, publiés dans les journaux, analysent par le menu les fragiles mérites.

Il ne siérait pas de s'étonner plus longtemps de cette médiocrité si elle ne s'aggravait de vulgarité. Ce vice capital nous choque par dessus-tout. La vulgarité est pour ainsi dire universelle ; elle inonde les murs de ce salon ; elle émane même d'œuvres dues à des artistes souvent fort distingués, et remplis d'excellentes intentions. Par quel phénomène les désirs

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