Page:NRF 14.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

124 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de toutes les religions. On ne s'allierait pas avec lui sans méprise, ni sans péril ; mais il est de ceux avec qui l'on peut traiter. Par leur enthousiasme, leur labeur, leur calcul, des hommes tels que lui préparent l'avenir. Oui, ces forces dange- reuses peuvent être bienfaisantes ; ces grands réalistes, mieux que nuls rêveurs, travailleront à l'accord des peuples, s'ils n'espèrent plus voir leur peuple exploiter seul le renoncement de tous. Il ne faut point qu'une folle confiance leur ouvre les voies défendues. Quand ils nous appellent au " règne de l'âme ", ramenons-les doucement au domaine de la claire intelligence et des sentiments tout humains.

MICHEL ARNAULD

��LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE, par Fictor Delbos, (Pion Nourrit. 19 19).

La pensée française, dans les formes officielles qu'elle a prises depuis 1870, recueillait avec trop d'avidité les idées étrangères et faisait un cas trop grand de la philosophie allemande pour que ce besoin excessif d'information et cette admiration exclu- sive ne soient pas le signe d'un désarroi profond, d'un défaut de vitalité et de tendances propres suffisamment actives, que l'on soupçonnait à peine avant 19 14, que les événements inter- nationaux viennent de révéler brusquement. Des générations entières, éducatrices de notre jeunesse, ont dû s'apercevoir, bon gré mal gré, que leur générosité, leur désir de tout comprendre, leur intelligence même avaient eu des exagérations et des fai- blesses. Dans les consciences assez probes pour envisager leur responsabilité, dut se passer un drame intérieur parfois tragique.

Avoir l'honnêteté et le courage de s'interroger, c'eût été bien souvent reconnaître que notre génie avait été renié, que l'étude des œuvres françaises avait été singulièrement négligée par nos historiens, au point que nous ne possédons, si paradoxal cela

�� �