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NOTES 109

gence du texte, par le sentiment de la vie de l'œuvre et de son mouvement particulier, qui est à la fois musique et choré- graphie, fera voir la pièce telle qu'elle fut écrite. De ce mou- vement nécessaire naîtront " beauté, plénitude, satisfaction". Cela revient à dire qu'il faudra " servir le style d'une œuvre ".y s'y tenir, tandis que la plupart ne savent qu'en sortir, par igno- rance, mauvais goût, affectation. De rien ils feront toujours quel- que chose; de quelque chose à peu près rien. Nous avons eu le " cabotin " metteur en scène et ses idées de " cabotin ". Voilà ce qu'il faut rejeter à tout prix. — Ici, le conférencier nous rappelle quelques unes des révoltantes erreurs dont nous avons eu le spectacle, quelques unes seulement: elles ne se comptent plus. L'adaptation à la scène d'œuvres purement poétiques, comme les Nuits de Musset ; les mutilations de Shakespeare tantôt, académiques et tantôt romantiques; Sanine submergeant sous les décors, au Châtelet, un drame dépouillé comme V Hélène de Sparte de Verhaeren ; Reinhardt s'emparant du théâtre grec pour le mettre au cirque et se figurant avoir recréé dans la salle l'état d'esprit des spectateurs d'Eschyle, parce qu'il mêle à son public un troupeau de gens costumés en Grecs. Attentat au génie. Et réciproquement, tant de ces pièces vides que l'on meuble avec des costumes. Il cite encore l'interprétation romantique qu'on donne couramment de la tragédie racinienne, au mépris de son style : " Racine? connais pas, lui disait un célèbre acteur : moi je ne connais que Néron..." Non ! dans Britannicus comme dans Andromaque c'est Racine seul qui importe... Dans Don Juan d'autres coupent en deux un dialogue, pour avoir un décor de plus à montrer. On fait du réaUsme dans les Femmes Savantes. Pour fournir à Scapin son sac, on plante à grands frais sur la scène, le port de Naples tout entier (Stanislawski). Enfin on invoque souvent une fausse tradition d'acteurs, au lieu d'interroger l'œuvre même, qui porte en soi sa tradition.

C'est à quoi il faut revenir. Connaître à fond les œuvres et se maintenir devant elles en état de sensibilité, pour en renou- veler l'aspect dans le sens de leur véritable nature, avec cette liberté sûre d'elle qui comporte la connaissance et le respect.

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