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986 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Je sors de l'atelier et vais prendre un café à l'abri des cochers de cab.

��Je suis retourné chez Aurore.

Mon travail terminé, je gagnais le quartier de la rivière où le courant d'air de la mer du Nord cassait les fumées vers l'ouest, rabattait les mouettes et l'odeur des vases découvertes vers la Cité. Les avenues qui me menaient à elle étaient tracées à peine et trouées de flaques d'eau, avec déjà une odeur de champs, une promesse de campagne.

— Vous viendrez avec moi hors de la ville, disait Aurore. Je vous apprendrai à vivre comme nous, les sauvages. Le temps qu'il vous faut pour déjeuner au restaurant, nous serons nus dans une rivière ou bien nous irons courir les bois. Les nuits d'été je vous emmènerai aussi coucher en plein air sur la terrasse d'Oliver, d'où l'on voit, comme une escarboucle, briller au loin le Palais de Cristal, sous la lune. Vous vous porterez mieux, vous n'aurez plus de migraines, vos cheveux ne tomberont plus et vous ne désirerez plus les mdtresses de vos amis, comme font les Français.

��Le taxi s'arrête au milieu de la route, comme pour une panne. Mais le chauffeur ne blasphème pas, ne soulève pas son capot. Il m'ouvre la portière : je suis arrivé. J'avais promis d'être à 7 heures à Epping Forest, m'y voici.

C'est un soir de septembre, un peu frais. Sur le sol élastique, reposé, les grands hêtres, ni leur ombre, ni les travaux des hommes, (mais pèsent-ils les travaux agri-

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