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NOTES 963

rai à notre victoire, ayons donc le courage de le proclamer. Notre victoire n'est pas celle des démocraties sur les auto- craties, mais de la vraie sur la fausse culture et, comme l'avait dit en 1918 dans une conférence admirable Adrien Mithouard, de l'Occident sur l'Orient.

On nous dit : a Vous manquez aux plus nobles traditions de la France, la générosité, la hardiesse. On dirait que vous avez peur. » Ce n'est pas notre genre, non. Ne craignez pas que nous ne fermions les portes ; nous réclamons le droit de visite, simplement. Avant d'accepter une nouveauté, qu'elle vienne du dedans ou du dehors, nous nous demanderons toujours si elle ne contrarie pas trop notre génie, si elle sera digérée ou si elle nous empoisonnera. La France est fatiguée de risquer sans cesse, d'user son temps et sa force en expé- riences ; voici plus d'un siècle qu'elle risque ; le peu de gain qu'elle y a fait, nous ne le rejetterons pas ; mais nous voulons regagner ce qu'elle y perdit, qui est le principal, et si elle a erré, réparer une erreur fatale. Plus de ces hardiesses qui tuent, de ces générosités qui ruinent, de ces victoires sans conclusion. Nous cherchons la mesure, nous cherchons la sagesse. Notre patrie est comme un vase pétri dans une matière poreuse ; elle continuera de baigner dans le monde, de donner et de recevoir; mais elle tient à garder son eau pure et pour elle et pour lui : générosité à long terme, moins visible peut-être, mais de meilleure qualité; hardiesse secrète, mais féconde. Et encore une fois nous nous défendons bien de cacher la tête sous l'aile. Nous voulons tout voir, tout connaître de ce qui nous est étranger ; mais jusqu'à plus ample examen le considérer comme tel.

Ainsi notre pensée sera dirigée, non faussée. Elle a derrière elle déjà d'énormes travaux d'analyse ; elle s'appuie sur eux pour généraliser et tirer des conclusions. Sans préjuger de celles-ci, elle analysera de la même façon les faits nouveaux qui se présenteront devant elle ; mais ceci fait, elle réclame

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