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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE 943

discussions, disait l'arrêté, ne pouvant que porter le trouble et l'incertitude dans l'esprit des acheteurs ». Je ne pense pas que M. Souday tienne à voir de tels archanges veiller, l'épée haute, sur la confiance et l'innocence du public. Et ici en particulier, si M. de Robert a posé de nouveau la question avec quelque intempérance, cela n'empêche pas que non seulement elle ne puisse être posée à bon droit, mais encore qu'elle ne soit réellement posée par la critique depuis le temps de Flaubert et que le public n'en doive tirer des lumières : elle a été peut-être obscurcie par ceux qui ont loué Flaubert des qualités qu'il a voulu avoir plus que de celles qu'il a eues réellement.

��On a porté un peu naïvement au compte de Flaubert écrivain, au compte de la qualité de son style, la quantité matérielle de travail incorporée à son œuvre. Le temps et la peine qu'il employait à écrire une page ont été considérés comme une raison pour que cette page fût parfaite. On lui a su gré de ne pas avoir écrit dans la joie, mais dans les sueurs et la peine. Les formidables brouillons, les Himalayas de papier raturé que sont ses manuscrits ne permettent pas de mettre en doute cet immense effort, ni d'admettre, comme l'insinuait Jules Lemaître, que Flaubert appelait travail tout le temps qu'il passait à bricoler, à bâiller ou à pester dans son cabinet. Mais enfin cela devrait suffire à nous faire admettre que Flaubert n'est pas un grand écrivain de race et que la pleine maîtrise verbale ne lui était pas donnée dans sa nature même. Et cette idée se confirme quand nous lisons ses Œuvres de jeunesse et sa Correspondance. Evidemment, elles doivent nous intéresser beaucoup par les renseignements qu'elles nous apportent sur la vie intérieure et la formation des idées de Flaubert, qui sont d'un cerveau de premier

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