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LE CHAGRIN DE LA SÉPARATION ET l'OUBLI 8'7

sera paxticulièrement brillante, elles ne suivent un ordre inverse, alléguant que « malheureusement la dernière fois elles n'étaient pas libres ». Telle Mme Bontemps supputait combien il pouvait y avoir encore de mercredis avant Pâques et de quelle façon elle arriverait à en avoir un de plus, sans pourtant paraître s'imposer. Elle comptait sur Mme Cottard, avec laquelle elle allait revenir (elle était toujours ravie de trouver une amie secourable possédant un « automédon ») pour lui donner quelques indications. « Oh ! madatme Bontemps, je vois que vous vous levez, c'est très mal de donner ainsi le signal de la fuite. Vous me devez une compensation pour n'être pas venue jeudi dernier... Allons, rasseyez- vous un moment. Vous ne ferez tout de même plus d'autre visite avant le dîner. Vraiment vous ne vous laissez pas tenter, ajoutait Mme Swann et tout en tendant une assiette de gâteaux : vous savez que ce n'est pas mauvais du tout ces petites saletés-là. Ça ne paye pas de mine, mais goûtez-en, vous m'en direz des nouvelles ». « Au contraire ça a l'air déHcieux,. répondait Mme Cottard ; chez vous, Odette, on n'est jamais à court de victuailles. Je n'ai pas besoin de vous demander la marque de fabrique, je sais que vous faites tout venir de chez Rebattet. »

Le i^^ janvier me fut particulièrement douloureux cette année-là. Tout l'est, sans doute, qui fait date et anni- versaire,, quand on est malheureux. Mais si c'est, par exemple, d'avoir perdu un être cher, la souffrance consiste seulement dans une comparaison plus vive avec le passé. Il s'y ajoutait dans mon cas l'espoir informulé que Gil- berte, ayant voulu me laisser l'initiative des premiers pas

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