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LA SYMPHONIE PASTORALE 933

mon Dieu, mais des hommes. Pour coupable que mon amovir paraisse aux yeux des hommes, oh ! dites-moi qu'aux vôtres il est saint.

Je tâche à m'élever au-dessus de Tidée de péché ; mais le péché me reste intolérable, et je ne veux point aban- donner le Christ. Non, je n'accepte pas de pécher, aimant Gertrude. Je ne puis arracher cet amour de mon cœur, qu'en arrachant mon cœur même, et pourquoi ? Quand je ne l'aimerais pas déjà, je devrais l'aimer par pitié pour elle ; ne plus l'aimer, ce serait la trahir : elle a besoin de mon amour...

Seigneur, je ne sais plus... Je ne sais plus que Vous. Guidez-moi. Parfois il me paraît que je m'enfonce dans les ténèbres et que la vue qu'on va lui rendre m'est ôtée.

Gertrude est entrée hier à la clinique de Lausanne, d'où elle ne doit sortir que dans vingt jours. J'attends son retour avec une appréhension extrême. Martins doit nous la ramener. Elle m'a fait promettre de ne point chercher à la voir d'ici là.

12 Mai

Lettre de Martins : l'opération a réussi. Dieu soit loué !

14 Mai

L'idée de devoir être vu par elle, qui jusqu'alors m'ai- mait sans me voir — cette idée me cause une gêne intolé- rable. Va-t-elle me reconnaître ? Pour la première fois de ma vie j'interroge anxieusement les miroirs. Si je sens son regard moins indulgent que n'était son cœur.

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