POÉSIE ET MÉMOIRE 915
mène de représentation lié à certaines mesures sonores ; on peut lui demander d'en retenir de compliquées, mais non d'incertaines et changeantes, ou trop personnelles.
La poésie s'est rapprochée des autres arts pour reprendre contact avec la vie, mais elle doit se repUer sur elle-même pour ressaisir la notion de ses prestiges essentiels et pour pousser, à travers la curiosité des lecteurs ou l'information des lettrés, des pointes lumineuses qui gravent dans la mémoire populaire des inscriptions ineffaçables.
On connaît cette belle pièce qui ouvre la Vie unanime de M. Jules Romains, et l'émouvante image du futur lecteur inconnu qu'anime le double rythme du train qui l'emporte et du poème qu'il ht.
Il faut souhaiter aux vers de M. Jules Romains et de ses pairs un destin plus rare, celui des vers que l'on se chante à soi-même, par cœur, pour accompagner une promenade solitaire, pour bercer un profond chagrin, ou donner des ailes à la joie, une cadence au plaisir.
ROGER ALLARD
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