tendres donnaient à la femme — dans la grande chaleur des salons d’alors fermés de portières et desquels ce que les romanciers mondains de l’époque trouvaient à dire de plus élégant, c’est qu’ils étaient « douillettement capitonnés » — le même air frileux qu’aux roses qui pouvaient y rester à côté d’elle, malgré l’hiver, dans l’incarnat de leur nudité, comme au printemps. À cause de cet étouffement des sons par les tapis et de sa retraite dans des enfoncements, la maîtresse de la maison n’étant pas avertie de votre entrée comme aujourd’hui, continuait à lire pendant que vous étiez déjà presque devant elle, ce qui ajoutait encore à cette impression de romanesque, à ce charme d’une sorte de secret surpris, que nous retrouvons aujourd’hui dans le souvenir de ces robes déjà démodées alors, que Mme Swann était peut-être la seule à ne pas avoir encore abandonnées et qui nous donnent l’idée que la femme qui les portait devait être une héroïne de roman parce que nous, pour la plupart, ne les avons guère vues que dans certains romans d’Henry Gréville.
— On ne peut pas s’en aller de cette maison, disait Mme Bontemps à Mme Swann tandis que Mme Cottard, dans sa surprise d’entendre exprimer sa propre impression, s’écriait : « C’est ce que je me dis toujours, avec ma petite jugeote, dans mon for intérieur ! » approuvée par des messieurs du Jockey qui s’étaient confondus en saluts, et comme comblés par tant d’honneur, quand Mme Swann les avait présentés à cette petite bourgeoise peu aimable, qui restait devant les brillants amis d’Odette sur la réserve sinon sur ce qu’elle appelait la « défensive », car elle employait toujours un langage noble pour