Page:NRF 13.djvu/912

Cette page n’a pas encore été corrigée

904 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Une telle ingéniosité à se perdre me laisse confondu et à bout d'arguments.

— Vous n'avez rien à modifier à vos déclarations ? L'enfant fait un vague signe. Le juge dicte :

— « Je maintiens toutes mes déclarations. »

On va signer... Mais depuis un moment, le juge regarde sa montre avec agitation. Sa patience est épuisée depuis longtemps, et l'obstination que j'apporte lui est incompré- hensible.

— Vous m'excuserez une seconde, dit-il.

Pendant les quelques minutes qu'il nous laisse seuls nous tentons un dernier effort. Le greffier me paraît décidément convaincu.

— Il a récité une leçon, me dit-il, et le juge l'a tout de suite traité en coupable. Il n'a eu qu'à répondre par oui ou par non aux questions qui lui étaient posées.

Puisque l'enfant refuse de saisir toutes les perches qu'on lui tend, il faut le soulever sur un radeau. Nous le raisonnons doucement.

— Pourquoi inventes-tu à plaisir ? Tout cela, ce sont des mensonges. Tu n'as pas besoin d'avoir peur. Le juge est parti. Est-ce qu'on t'a dit de t'accuser ? Est-ce que celui qui a pris le porte-monnaie te force à dire que c'est toi ? Est-ce qu'on t'a promis de l'argent pour le dire ? Est-ce qu'on t'a menacé ? Est-ce que c'est un de tes cama- rades ?

Il semble complètement abruti. On dirait qu'il cherche, un instant, qui il pourrait accuser. Puis il finit par dire :

— Je ne sais pas qui l'a pris.

�� �