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L*ENFANT QUI S'ACCUSE 899

— Il n'a pourtant pas l'air malheureux et tout le monde est bon pour lui.

A mon retour de Paris, j'apprends que l'instituteur est chargé de remplir le questionnaire d'une contre-en- quête, et je reçois une convocation devant le juge de paix. Décidément, cela s'aggrave. Dolet et sa femme se tour- mentent autant que moi de cette histoire. Quelle redou- table machine que la Justice ! On la met en branle presque sans s'en douter, et plus moyen de la retenir. Depuis un mois, nous ne sommes occupés qu'à débrouiller le cas du petit Julien. Il est d'une complication peu commune ; mais est-ce sûr que de telles obscurités soient si rares? Et qui a le temps de les tirer au clair? Cet enfant n'est entouré que de gens qui lui veulent du bien ; que serait-ce si un seul d'entre nous avait à son égard la moindre dis- position hostile ? Il est trop évident qu'avec le tour qu'a pris l'affaire, si l'on n'intervient énergiquement, l'enfant n'a plus aucune chance de salut.

Au cours des jours suivants, nul fait nouveau, sinon ce curieux détail que me signale Dolet. Julien ayant manifesté l'envie d'écrire à l'ancien gardien de la ferme, avec lequel il était en confiance, on pensa que cette lettre pourrait fournir quelque indication et l'on pria le gar- dien de la renvoyer. Elle ne contenait pas un mot au sujet du vol ni de la fausse accusation. Rien que des potins, et la plupart imaginaires : « La gardienne actuelle était maltraitée ; tout le personnel voulait s'en aller et lui- même pensait quasiment à faire la même chose... »

Ceci encore : Tandis qu'on faisait les foins, Dolet le voyant à l'écart et tranquille, s'approcha de lui et affec-

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