Page:NRF 13.djvu/905

Cette page n’a pas encore été corrigée

l'enfant qui s'accuse 897

— Il est comme fou. On voit bien tout de suite qu'il n'a plus sa tête. Je ne lui ai plus parlé, mais j'ai bien vu son air, rien qu'en passant.

Fort heureusement, je suis renseigné sur le calme stupéfiant de Julien. Je me contente de déclarer à Rongeard : ^

— Vous pouvez dire à ceux qui jasent que Julien reste à Maisonneuve et que vous-même vous continuez à tra- vailler dans les bois. Au reste, il y a une séance du conseil municipal après-demain. J'en profiterai pour déclarer publiquement que j'admets que le porte-monnaie a été égaré et que je considère l'incident comme clos.

Assez tard, quand je suis déjà couché, Mme Dolet vient m 'appeler sous ma fenêtre. Elle a vu monter Ron- geard et, comme une vache qui va vêler dans une pièce voisine l'amène près de la Mattraie, elle passe s'enquérir de ce qu'il me voulait. Or la chienne n'a pas le plus petit grognement. Elle ne conndt pourtant pas plus Mme Dolet qu'elle ne connaît Julien. Elle dort tout simplement ; nous ne pouvons donc rien inférer du fait qu'elle n'a pas aboyé la nuit précédente.

Deux jours plus tard, au moment où le conseil municipal se sépare, je dis quelques mots de l'affaire. Personne n'admet un seul instant l'hypothèse de l'innocence. On croirait bien plus facilement à celle d'un viol ou d'un assas- sinat. Il n'y a dans la commune qu'une opinion sur les Rongeard et on n'a nulle intention d'en changer.

Le brigadier repasse par la Mattraie pour me parler d'une question qui le concerne personnellement. Je lui dis que le porte-monnaie est retrouvé, dans quelles

57

�� �