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890 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Vous allez me faire le plaisir de le laisser tranquille. Ce n'est pas à la maison de correction qu'il s'améliorera. On ne prend pas des décisions pareilles dans un moment de colère. Il commencera par rester à la ferme jusqu'à ce que le bruit soit passé. Après on verra.

— Mais, monsieur Jacques, s'il recommence, et si moi j'en suis responsable... Non, il ira à la gendarmerie. Et là il pourra raconter tout ce qu'il voudra, vous savez, tout ce qu'il voudra.

Ces paroles sont j etées d'un air de menace. Dolet les relève :

— Qu'est-ce qu'il racontera ?

— Oh ! on verra toujours, on verra, reprend-il plus timidement, comme s'il s'apercevait qu'il s'était défendu trop vite contre ime accusation de complicité.

J'entre un instant à la ferme. Quand j'en ressors, le père tient son fils par le bras et le secoue.

— Dis où tu l'as mis. Parle ou je te tue.

Les mains de l'enfant tremblent et les larmes lui vien- nent aux yeux quand le père serre le bras trop fort. J'in- terviens :

— Vraiment, Julien, la plaisanterie a suffisamment duré. Le porte-monnaie n'est pas dans l'étang. Tu t'es fichu de nous.

Mais il n'y a rien à en tirer.

— Je l'ai jeté dans l'étang... je ne peux pas dire autre chose.

— Ne t'imagine pas que tu vas pouvoir te servir de cet argent. On a le numéro du billet ; tu ne peux donc rien en faire.

Il donne l'impression d'un petit paysan têtu, pour qui cent vingt francs qu'on pourra rechercher quelque jour

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