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l'enfant qui s'accuse 889

— J'ai amené Julien ce matin pour me montrer l'en- droit exact, me dit Dolet. Ce n'est pas tout à fait celui qu'il avait indiqué d'abord. Et puis j'ai fait dire à Ron- geard qu'il vienne aider. Il peut bien se remuer un peu.

Il n'est décidément pas possible de chercher à la main. Nous construisons en treillage une sorte de drague au moyen de laquelle nous raclons la surface de la vase. Pendant ce temps les commentaires vont leur train : personne ne peut admettre l'idée de cet argent jeté à l'eau ; et ce sont des allusions couvertes à d'autres porte- monnaie disparus, à d'autres histoires touchant les Ron- geard. Tous les vieux soupçons qui couvaient reprennent comme sur de l'amadou. Au bout de près de deux heures, la drague n'a ramené que trois grosses truites. Au moment où nous remontons, paraît Rongeard.

Il a, lui aussi, ses vêtements propres et ne semble pas avoir songé à descendre dans l'eau. Il a déjà dû boire une partie de sa paie d'hier soir. Sa colère doit un peu de sa chaleur à l'alcool ; par ailleurs elle sonne faux et semble feinte.

— Le malheureux! Le malheureux! Déshonorer ses parents. Qu'est-ce que nous allons devenir ? Il vaudrait bien mieux qu'il soit mort. On est des pauvres travail- leurs, mais il n'y a jamais eu à jaser sur notre compte. Aller voler ceux qui sont bons pour nous, ceux qui nous donnent notre pain. Sa pauvre mère, si je ne l'avais veillée toute la nuit, elle se serait détruite... Mais je sais ce que je vais faire : à la prison, à la maison de correction, et qu'il y reste jusqu'à son service militaire. Je ne veux plus rien savoir de lui.

Je lui réponds :

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