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DONOGOO-TONKA 825

marré l'accueille, s'enquiert de ce qu'il désire, le mène à un ascenseur.

L'ascenseur, cubique, tout en glaces biseautées, semble un énorme coffre à bijoux.

Deux étages de montée. Un autre vestibule. Un valet en bas blancs. Lamendin s'adresse à lui. Le valet prend des airs importants, lève les bras. Il sera très difficile de voir le Professeur en personne. Le Professeur est accablé de clientèle et ne reçoit que sur rendez-vous. Pour appuyer son dire, le valet ouvre la porte d'un vaste salon d'attente. On aperçoit toute une perspective de clients, assis, debout, accroupis, accotés au mur, couplés dos à dos, bref, dans l'arrangement le plus varié, mais témoignant chacun par sa posture, sa mine ou sa mise, d'un mauvais équi- libre des facultés de l'esprit.

Lamendin s'approche de la porte. Il y a je ne sais quoi de fasciné dans son regard et peu de liberté dans sa marche.

Il est sur le seuil ; il s'appuie au chambranle ; il penche la tête vers le dedans du salon.

C'est le contenu de son regard qui s'étale sur l'écran : tout un vaste salon, sans autres meubles qu'un guéridon et des sièges, mais gonflé et craquant de délire.

L'absurdité, suée par tant de cervelles, devient pal- pable. On commence à distinguer une sorte de vapeur très subtile qui se dégage des corps humains et charge l'air peu à peu. Une femme surtout, assise sur un pouf au miUeu de la pièce, et vêtue à la façon des vieilles joueuses de Monte-Carlo, fait l'office d'une puissante fumerolle.

Les objets eux-mêmes en sont déformés. Les pieds du guéridon se tordent et la tablette s'incurve. Les murs reculent, et l'on croirait qu'ils vont se mettre à tourner.

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