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et la souille, remettre aux mains du créateur, pour son libre jeu, un instrument docile.

Aujourd’hui, cinq ans passés, nous n’avons rien d’autre à dire.

À ceux qui, depuis cinq ans, nous demandent : que ferez-vous après la guerre ? nous avons eu la fierté de pouvoir répondre : nous continuerons ce que nous avions commencé.

Nous avions fait déjà quelques preuves. Nous en avons fait de nouvelles, d’octobre 1917 en avril 1919, aux États-Unis, où le Vieux Colombier reçut mission de représenter, pendant deux ans, le théâtre français.

Les mêmes hommes se réunissent au même lieu pour reprendre un effort commun. Ils ont mûri. Ils ont plus d’expérience et de raison. Non moins d’ardeur. Ils ont subi des épreuves. Leur volonté n’a point fléchi, ni tourné. Ils ne sont pas nés de la guerre. Mais elle a pesé de tout son poids sur eux, d’un poids dont ils ne seront jamais plus soulagés. Elle les a poussés, mais dans le sens où librement ils s’étaient engagés. Elle a pour ainsi dire accusé chaque trait de leur figure et de leur caractère. Ils sont plus que jamais résolus à se donner tout entiers à leur tâche, pour l’amour de ce qu’ils font, et pour la grandeur du pays.

La situation du théâtre français est pire à la fin de 1919 qu’elle ne l’était en 1913-14. Partout c’est le désarroi