NOTES ^ 809
tion et intuition »). Je ne signale celui-ci que parce que, en dépit d'une abstraction à la troisième puissance, si j'ose dire, il en était au bout de deux ans, à sa quatrième réédition.
Nous nous défaisons dif&cilement de l'idée qu'un effort cérébral relativement désintéressé ne comporte pas, malgré tout, quelque noblesse. Le livre même de Worringer nous fournit la clef de cette tendance profonde qui pousse l'esprit allemand vers les pacages infertiles où il tourne en rond avec tant d'efforts. « Wie ein Thier auf dûrrer Heide von einem bôsen Geist im Kreis herumgefûhrt. » (« Comme un animal sur la lande aride, tourne en cercle, agité d'un malin esprit t>)K
Cette difficulté qu'éprouvent leurs sens à entrer en scène, cette incapacité de se saisir d'un phénomène autrement que par le cerveau, est une disposition qui peut donner des résul- tats pathétiques aussi souvent qu'incongrus.
Meier-Graefe est peut-être, de tous ceux qui ont écrit sur les questions d'art, celui qui, en Allemagne, a eu le plus d'in- fluence, qui a fait le plus d'adeptes. Il fut il y a vingt ans, l'un des principaux coryphées du mouvement d'innovation dans les arts appliqués {Kunsigewerbe), le propagandiste de l'impressionnisme et de la peinture française, vivant d'ailleurs beaucoup à Paris où il tenait boutique d'objets d'art et de tableaux. Lié avec nombre d'artistes, Meier- Graefe édita le grand album de Germinal, dédié à Zola. On lui doit un ouvrage important en trois volumes sur le développement de l'art depuis le romantisme, histoire pres- que uniquement de la dernière grande période de la peinture française, de nombreux traités, un livre sur Velasquez, un voyage en Espagne, un ouvrage sur le Greco, etc. Il garde dans tous ces ouvrages une grande facilité de plume, un tour souple et quelque peu vulgaire, des procédés sommaires et désinvoltes, mais il dispose aussi d'un choix très étendu de
I. Faust I.
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