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NOTES / 795

dans le péché du siècle ; ce ne seront pas les moins grands ; au jour choisi, ils forceront la porte et s'il faut, sauteront le mur, quitte à s'y déchirer les mains, au prix du sang. On n'en connaît pas deux qui aient suivi la même voie ; mais toutes se joignent au même point. Il y a là de quoi nourrir des milUers de drames et de romans épiques — qui seront vrais. — Pour marquer cette diversité admirable, à Saint François d'Assise Joergensen oppose aujourd'hui la fille ardente et sévère de Dominique, Catherine de Sienne, la Sainte de la volonté. Il l'a choisie bien sûr pour faire pénitence ; Saint François lui était trop doux. Il l'avouera dans sa Préface, il ne vint pas à elle par le cœur : « Il y a dans la nature énergique de la Siennoise un je ne sais quoi d'esprit de domination, un élé- ment de tyrannie qui me déplaisait... » Elle forme contraste absolu avec le « doux ombrien qui préférait voir s'effondrer l'œuvre de sa vie plutôt que d'user de pouvoir et d'autorité comme les Podestats de ce monde. » Oui ! Catherine dit : « je veux», jo voglio, mais pour le bien, et le dit d'abord à soi-même; quand on l'a bien compris, ce « je veux », vous devient aimable. C'est ce qui advint à l'auteur. Par toute une jeunesse de plaisir, n'oublions pas que François a purgé son corps et son âme du trop-plein de la force et de la passion. Dès l'âge de six ans Catherine se donne ; l'exubérance de son tempérament de feu devra se déployer, jusqu'à sa dernière heure, dans le cadre d'une fidélité si étroite que celle-ci sera à peine inter- rompue autour de la quinzième année par une crise de frivo- lité et quelques mois plus tard par un furtif regret du monde dont on nous dit que la Sainte a porté jusqu'à la tombe le remords. Sous cette compression implacable la prière devient extase, la pensée vision et l'action combat. Pas une vérité reçue qui ne commande à la minute un geste ; Dieu n'entre pas dans la cellule, il attend la Sainte à la porte pour l'attirer dans le siècle où elle portera sa cellule avec soi. Chez Catherine comme chez Jeanne d'Arc, la prière est publique.

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