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768 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Oh ! même plus tard on ne les connaît pas toujours, fit-elle enfin bizarrement.

Son ton énigmatique et sentencieux m'irritait, car je suis de naturel trop franc pour m' accommoder aisé- ment du mystère. Me tournant vers elle, je la priai d'expli- quer ce qu'elle sous-en tend ait par là.

— Rien, mon ami, reprit-elle tristement. Je songeais seulement que tantôt tu souhaitais qu'on t'avertisse de ce que tu ne remarquais pas.

— Et alors ?

— Et alors je me disais qu'il n'est pas aisé d'avertir. J'ai dit que j'avais horreur du mystère et, par principe,

je me refuse aux sous-entendus :

— Quand tu voudras que je te comprenne, tu tâcheras de t 'exprimer plus clairement, repartis- je d'une manière peut-être un peu brutale, et que je regrettai tout aussitôt ; car je vis un instant ses lèvres trembler. Elle détourna la tête, puis, se levant, fit quelques pas hésitants et comme chancelants dans la pièce.

— Mais enfin, Améhe, m'écriai-je, pourquoi conti- nues-tu à te désoler, à présent que tout est réparé ?

Je sentais que mon regard la gênait, et c'est le dos tourné, m'accoudant à la table et la tête appuyée contre la main, que je lui dis :

— Je t'ai parlé durement tout à l'heure. Pardon. Alors je l'entendis s'approcher de moi, puis je sentis

ses doigts se poser doucement sur mon front, tandis qu'elle disait d'une voix tendre et pleine de larmes :

— Mon pauvre ami !

Puis aussitôt elle quitta la pièce.

Les phrases d'AméUe qui me paraissaient alors mys-

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