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LA SYMPHONIE PASTORALE 753

trop dans la symphonie. A qui d'autre demanderais- je cela, pasteur ?

— Un pasteur n'a pas à s'inquiéter de la beauté des visages, dis-je, me défendant comme je pou- vais.

— Pourquoi ?

— Parce que la beauté des âmes lui suffit.

— Vous préférez me laisser croire que je suis laide, dit-elle alors avec une moue charmante ; de sorte que, n'y tenant plus, je m'écriai :

— Gertrude, vous savez bien que vous êtes jolie. Elle se tut et son visage prit une expression très grave

dont elle ne se départit plus jusqu'au retour.

Aussitôt rentrés, AméHe trouva le moyen de me faire sentir qu'elle désapprouvait l'emploi de ma journée. Elle aurait pu me le dire auparavant ; mais elle nous avait laissés partir, Gertrude et moi, sans mot dire, selon son habitude de laisser faire et de se réserver ensuite le droit de blâmer. Du reste elle ne me fit point précisé- ment des reproches ; mais son silence même était accusa- teur ; car n'eût-il pas été naturel qu'elle s'informât de ce que nous avions entendu, puisqu'elle savait que je menais Gertrude au concert ; la joie de cette enfant n'eût- elle pas été augmentée par le moindre intérêt qu'elle eût senti que l'on prenait à son plaisir ? Améhe du reste ne demeurait pas silencieuse, mais elle semblait mettre une sorte d'affectation à ne parler que des choses les plus indifférentes ; et ce ne fut que le soir, après que les petits furent allés se coucher, que l'ayant prise à part et lui ayant demandé sévèrement :

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