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7^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nant. Il y fallut, dans les premières semaines, plus de patience que l'on ne saurait croire, non seulement en rai- son du temps que cette première éducation exigeait, mais aussi des reproches qu'elle me fit encourir. Il m'est pé- nible d'avoir à dire que ces reproches me venaient d'Amé- lie ; et du reste si j'en parle ici, c'est que je n'en ai con- servé nulle animosité, nulle aigreur — je l'atteste solen- nellement pour le cas où plus tard ces feuilles seraient lues par elle. (Le pardon des offenses ne nous est-il pas enseigné par le Christ immédiatement à la suite de la parabole sur la brebis égarée ?) Je dirai plus : au moment même où j'avais le plus à souffrir de ses reproches, je ne pouvais lui en vouloir de ce qu'elle désapprouvât ce long temps que je consacrais à Gertrude. Ce que je lui reprochais plutôt c'était de n'avoir pas confiance que mes soins pussent remporter quelque succès. Oui, c'est ce manque de foi qui me peinait ; sans me décourager du reste. Combien souvent j'eus à l'entendre répéter : « Si encore tu devais aboutir à quelque résultat... » Et elle demeurait obtusément convaincue que ma peine était vaine ; de sorte que naturellement il lui paraissait mal- séant que je consacrasse à cette œuvre un temps qu'elle prétendait toujours pouvoir être mieux employé différem- ment. Et chaque fois que je m'occupais de Gertrude elle trouvait à me représenter que je ne sais qui ou quoi attendait cependant après moi, et que je distrayais pour celle-ci un temps que j'eusse dû donner à d'autres. Enfin je crois qu'une sorte de jalousie maternelle l'animait, car je lui entendis plus d'une fois me dire : « Tu ne t'es jamais autant occupé d'aucun de tes propres enfants. » Ce qui était vrai ; car si j'aime beaucoup mes enfants,

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