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LE MIRACLE 65

parfois beaux, parce que la vie a d'imprévisibles sursauts.

Pour nous, nous ne sommes pas des malades. Tout est sain, dans notre substance, et c'est justement pourquoi nous fûmes choisis, c'est pourquoi nous fûmes frappés. Il ne faut pas désespérer de notre corps : il y a quelque chose à faire avec lui.

Nous, nous ne voulons pas demeurer, toute une vie, cloîtrés entre ces grands murs, avec notre tourment. Le monde nous connaît encore, et il nous attend. Dépêchez- vous ! Dépêchez-vous ! Il ne faut pas laisser au monde le temps de nous oubUer. La guerre est finie poiu: tous ; faites, faites, monsieur, que pour nous aussi elle se ter- mine un jour.

��* *

��Et l'homme est reporté dans son lit. Ses rêves s'épuisent en balbutiements et en chansons gémissantes. Il va se réveiller dans son nouvel aspect, dans sa peau bien tirée, bien tendue, cousue de toutes part? comme une pelote de tennis.

Voilà notre projet ! Voilà notre vœu ! Maintenant il faut que ça colle ! Il faut que le sang recommence à passer dans les petits lambeaux déracinés. Il faut que toutes les cellules de la vie s'emparent du morceau d'os ou de cartilage et le colonisent, le séduisent, le persuadent.

Après-demain, on enlèvera le pansement. Le faiseur de miracles aura sa figure inquiète, sérieuse des grands jours. C'est qu'au fond de lui-même, il n'est sûr de rien : trop de forces indisciplinées travaillent de concert avec lui.

N'en doutons pas, nous verrons sa longue bouche

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