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712 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ORSO. — Tout à l'heure vous serez seule avec lui.

PENSÉE. — Mais dès maintenant je puis me pencher sur lui et respirer son âme ! cette boufïée de parfum qui monte de sa sépulture.

ORSO. — Il est mort et ce n'est plus par aucun de vos sens que vous êtes capable de l'atteindre.

PENSÉE. — Orian, qui êtes là, est-ce vrai ? Ah ! je crois qu'il n'y a rien en moi qui ne soit capable d'aller jusqu'à vous !

ORSO. — Il vit en vous, et c'est pour ce qui de lui vit au fond de vos entrailles que vous devez vivre vous- même.

PENSÉE. — Il vit, et je me meurs !

SICHEL qui l'enlace, Va ramenée à son siège.

ORSO. — Maintenant c'est assez de faiblesse. Il est temps que vous entendiez ce que je suis chargé de vous dire.

Voici ce qu'Orian m'a chargé de vous dire, prévoyant sa mort.

Cette dernière nuit que nous avons passée ensemble.

PENSÉE. — Parlez, je vous écoute.

ORSO. — ... Et sachant ce que votre mère m'avait écrit,

Ce fruit de lui que vous portez en vous, hors de la loi.

Oui, ça été une grande joie et une grande amertume pour lui.

Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure quand je vous ai dit qu'il m'avait chargé de vous demander pardon.

PENSÉE fait un geste de déprécation.

C'est fait ? Bien. Rien ne pèse plus sur son âme. SICHEL. — Je lui pardonne aussi.

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