LE MIRACLE 63
Nous ne sommes plus accueillants comme les arbres. Nous sommes trop détachés de la commune terre mater- nelle. Nous poussons, nous vieillissons dans une solitude farouche. Même notre cœur débordant n'empêchera pas la vie corporelle d'être un exil sans retour. La chair de nos propres enfants s'est à jamais séparée de la vieille souche. La pourrait-on maintenant enter sur notre chair qui obéit, toute seule, à ses rudes lois ?
Mais ce qui vient de moi est bon pour moi. Si la peau de mon pied est transplantée sur mon front, elle y retrou- vera les coutumes du pays natal, elle acceptera peut-être d'y subsister, d'y prospérer.
Tout le corps veut rendre service ; la tête doit assumer la plus grande part de besogne. Elle est gonflée d'un sang riche et puissant ; ses tissus sont d'une étoffe ample et vivace. C'est elle qui doit payer la plus lourde contribution. Et puis, il y a des matières rares qu'on ne saurait trouver que là.
Travaillons ! Travaillons ! L'obus, d'un seul coup, a fait un vide immense. Pour le combler, il faut réunir beaucoup de petits morceaux pleins de vie et de bonne volonté.
�� ��Un sourcil, c'est bien utile pour celui qui travaille à de rudes travaux. Un sourcil, ce n'est pas seulement un radieux coup de pinceau sur votre visage, ô madone ! Tout, dans l'apparence de l'homme, est un. ornement, mais tout est de grand usage. Pouvez-vous l'oubHer, âme ingrate ?
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