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LE PÈRE HUMILIÉ 695

ORSO. — Bravo ! nous y sommes donc enfin ! Vous voyez que mon conseil était bon !

Vous l'ai-je pas amené au bon moment ?

PENSÉE. — C'est vous qui êtes bon, Orso, et je vous aime bien.

ORSO. — C'est tout ce qu'il me faut. Vous aurez toujoius la première place dans ce cœur de gendarme.

PENSÉE. — Vous n'avez pas trop de peine?

ORSO. — Juste ce qu'il faut. Juste assez pour cette ombre de mélancolie qui sied à une mâle figure.

PENSÉE. — Ne plaisantez pas !

ORSO. — Me voilà bien débarrassé. Grand Dieu ! qu'aurais-je fait de cette madame Cogne-Partout ?

PENSÉE. — Si aveugle que je sois, je ne suis pas mal arrivée où je voulais.

Et, pour avoir des yeux, celui-ci n'a pas su fuir si loin qu'il ait réussi à m'échapper.

ORSO. — Comptez sur moi pour le maintenir dans le devoir.

PENSÉE. — C'est vrai qu'il y a tant de danger pour lui ?

ORSO. — Il ne faut pas qu'on vous le détériore, pas vrai ?

PENSÉE. — Il est persuadé de ne pas revenir.

ORSO. — Et moi, je vous dis que je vous le ramènerai.

PENSÉE. — C'est la mort qui me l'a rendu accessible.

ORSO. — Pourquoi parler de sa mort, vous aussi ? C'est vexant. Je n'aime pas que vous parliez ainsi.

PENSÉE. — Et quand ce serait la mort, et quand il n'y aurait eu que ce seul moment.

Ce moment tout de même je l'ai eu, et c'est assez pour moi, et rien ne peut empêcher qu'il existe !

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