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LE PÈRE HUMILIÉ 693

ORIAN. — Pensée ! ah! est-ce toi maintenant qui me dis adieu ?

PENSÉE. — C'est fini. Ne viens pas plus près.

ORIAN. — Pensée ! ah! je resterai avec toi, si tu le veux.

PENSÉE. — Ne dis pas des choses indignes.

ORIAN. — Ah! je suis fou! ah! qu'importe tout le reste au prix de ce seul moment que tu peux me donner ?

PENSÉE. — Il me faut plus qu'un seul moment.

ORIAN. — Tu es en mon pouvoir !

PENSÉE. — C'est vrai. Comment fuirais- je ?

ORIAN. — Il est impossible de nous séparer.

PENSÉE. — Non, ce n'est pas impossible.

ORIAN. — Je ne le veux plus, Pensée ! Je ne le peux plus, Pensée !

PENSÉE. — Ce que font tant de Français, ne peux-tu le faire ? Ce que tant de femmes supportent, ne puis- je le supporter ?

ORIAN. — Il ne fallait pas venir si près de moi.

PENSÉE. — Il ne fallait pas, Orian ?

ORIAN. — Il ne fallait pas que je te prenne entre mes bras.

PENSÉE. — Et si mon cœm: n'avait battu si près de toi, comment l' aurais-tu connu ?

ORIAN. — Connais-tu le mien aussi ?

PENSÉE. — Je le connais, homme impérieux !

ORIAN. — Quand tu t'es mise entre mes bras, la nuit est venue sur mes yeux.

PENSÉE. — J'ai donc pu t'enseigner cela du moins ?

ORIAN. — Je sais ce que c'est que la nuit.

PENSÉE. — Dis, est-ce que c'est une chose si cruelle ? est-ce qu'il y a besoin de se voir, quand on s'aime ?

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