LE PÈRE HUMILIÉ 679-
VOUS appeliez votre Père est mis par nous en un lieu d'où il ne peut sortir.
ORIAN. — Vous ne me prendrez pas moi-même.
PENSÉE. — Vous voulez que je vous prenne votre frère.
ORIAN. — C'est la guerre qui nous prend tous les deux.
PENSÉE. — Il est donc vrai ? Vous partez ?
ORIAN. — Serais-je ici, si je ne devais partir ?
PENSÉE. — Oui. Comment seriez- vous avec moi autrement que dans un rêve ?
ORIAN. — Mon frère vous reviendra.
PENSÉE. — Et je l'épouserai alors ?
ORIAN. — Alors je serai sans doute en un lieu où ces choses ne font plus souffrir.
PENSÉE. — Mais c'est vous qui lui avez conmiandé qu'il m'épouse.
ORIAN. — Bientôt, sans celle-ci, il y aura entre vous et moi une séparation suffisante.
PENSÉE. — Quand je serai morte, Orian ?
ORIAN. — Et que vous soyez à un autre, ne comprenez- vous pas que cela pour moi est plus que la iiiort ?
PENSÉE. — C'est vous qui l'avez voulu.
ORIAN. — Oui.
PENSÉE. — Je n'ai plus d'orgueil. Qui suis-je pour dire non ? Mon corps est-il de tant de prix ?
Pour une chose que celui-ci (elle montre faiblement Orian ?) me demandait, comment la lui aurais-je refusée ?
ORIAN. — Vous l'aimerez dès que vous serez à lui.
Pause.
PENSÉE. — Orian, comprenez-vous ce que c'est qu'une aveugle ? Ma main, si je la lève, je ne la vois pas. Elle
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