Page:NRF 13.djvu/686

Cette page n’a pas encore été corrigée

678 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

clos, si cette voix que j'ai entendue du fond de la nuit où je suis étroitement enveloppée depuis ma naissance comme dans un voile,

Si cet époux qui me parlait mystérieusement, ce soir de mai, jadis.

Un seul mot, mais qui m'a suffi ! un seul mot « Ma bien- aimée » mais qui m'a suffi, Pauvre âme, pour que je sois à lui, pour toujours. S'il n'est là de nouveau après ce long silence que pour que je l'entende qui me juge et qui me repousse.

Vous pouvez m'épargner, Orian ! un seul signe, un seul mouvement suffit.

Et si vous devez parler! ah, du moins, que le ton ne soit pas trop sévère, et ce mot qui doit m'éloigner de vous pour toujours : « Va-t'en », Dites-le bas.

Aussi bas que cet autre aveu qu'une femme aime, tt Va-t'en », et cela suffit.

ORIAN. — « Va-t'en » seulement, et rien d'autre que ce mot. Pensée ?

PENSÉE. — « Va-t'en de moi. Pensée ! Va-t'en, femme ! — Va-t'en de moi, ma bien-aimée ! »

ORIAN. — Pensée, non, il n'est pas en mon pouvoir de vous dire : Va-t'en.

PENSÉE. — Pourquoi m'avez-vous abandonnée ? pourquoi cette longue absence ?

ORIAN. — J'ai voyagé. C'est la semaine dernière seule- ment que je suis revenu à Rome : deux jours avant que les Piémontais y entrent, ces amis de votre famille.

PENSÉE. — Je vous ai déjà pris votre maison. Main- tenant c'est votre ville que je vous enlève. Et celui que

�� �