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��LE MIRACLE
C'est peut-être aujourd'hui que le miracle aura lieu.
Comme c'est long, mon Dieu ! Comme il faut attendre longtemps pour obtenir cette souffrance sans laquelle on devra rester à tout jamais privé d'un vrai visage humain !
Et ils attendent.
A la vérité, ils se défendent contre de telles pensées : ils sont fiers, ils ont l'air calme et détaché. Ils affectent d'espérer la venue du vaguemestre, la distribution de la soupe ou le passage de l'infirmier. Mais tout, en eux, trahit une attente infinie, obstinée. Ils attendent le mi- racle qui se produira sûrement dès que l'on voudra bien s'occuper d'eux.
Et pourquoi le miracle ne viendrait-il pas, dites-moi ? Vous avez connu Perdrizet : il n'avait que la moitié d'une figure ; son masque s'arrêtait au nez, et, plus bas, il n'existait plus que de vagues peaux, avec un orifice baveur et bafouilleur. Maintenant Perdrizet a une vraie tête ; il a une mâchoire et de la barbe. A le voir de loin, on dirait un garçon comme les autres.
Et vous avez connu Louba ! Son visage s'ouvrait comme une fleur horrible ; au fond, on apercevait la langue, qui ressemblait à une bête vivante, et de ces choses rouges qui demeurent toujours cachées au regard
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