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59- LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ïoi qui étais si fier de ta force, quand la main de Dieu se retire, vois ce qu'une simple créature peut sur nous.

ORSO. — Et c'est parce qu'il l'aime trop que vous lui dites de ne pas l'épouser ?

LE PAPE PIE. — Ce n'est pas parce qu'il l'aime trop, mais parce qu'il ne l'aime pas assez.

ORSO. — Je ne vous entends pas.

LE PAPE PIE. — Ce n'est pas aimer quelqu'un que de ne pas lui donner ce qu'on a en soi de meilleur.

ORSO. — Et qu'y a-t-il de meilleur que l'amour égale- ment rendu ?

LE PAPE PIE. — Ce qu'elle aime, ce n'est pas cet Orian qui est mon fils et que je connais seul.

ORIAN. — Point celui-là, mon père, mais un autre qui est bien fort !

LE PAPE PIE. — Je le sais, pauvre enfant !

ORSO. — Ainsi, pour tout le bien que je lui dois, la peine que l'on puisse lui faire la plus grande.

Vous voulez que ce soit moi qui la lui fasse ! La chose qui est la plus précieuse.

Que ce soit moi qui la lui prenne !

ORIAN. — C'est moi seul, Orso, qui te le demande.

ORSO. — Je ne t'écouterai pas.

ORIAN. — A qui d'autre confierai-je ce qui m'est le plus cher au monde ?

ORSO. — Manque à celle-là qui t'appelle et qui n'a que toi au monde !

ORIAN. — Où tu es je ne suis pas absent.

ORSO. — A décevoir son cœur ses ténèbres ne sont pas assez grandes.

ORIAN. — Cesse, Orso, tu me fais mal.

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