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LE PÈRE HUMILIÉ 59^

père et cette mère qui sont les siens, ce n'est pas cela non plus à quoi tu fais attention ?

ORSO. — J'aimerais mieux que la fille ne fût pas aveugle et que la famille ne fût pas borgne, mais qu'y puis- je ?

Quand on livre bataille on ne choisit pas toujtours le- lieu et l'heure. Quand on construit une ville, on n'est pas sûr que le chemin de fer y passera.

Ce ne sont pas les difficultés qui arrêtent un homme de cœur.

Celui-là est incapable de quoi que ce soit qui n'a pas en lui un certain sentiment de la nécessité.

LE PAPE PIE. — La jeune fille est riche et tu es pauvre 1

ORSO. — Tant mieux pour la ville que nous allons construire !

Sa fortune ne sera jamais aussi grande que l'usage que je saurai en faire.

LE PAPE PIE. — Mais tu ne construiras rien du tout ! puisque c'est ton frère qui va épouser celle que tu aimes.

ORSO. — Voilà ce qu'il faut lui enjoindre positivement.

LE PAPE PIE. — Et tu ne mourras point de douleur ?

ORSO. — Je ne mourrai que si on me casse la tête et il y faudra un bon coup.

Ce n'est pas une petite fille qui privera d'un officier les armées de la Sainte Eglise.

LE PAPE PIE. — Orian,que pouvons-nous contre cet homme résolu ? Il n'y a qu'à lui laisser le chemin libre.

ORIAN. — Je n'attendais pas de votre sagesse un autre avis.

LE PAPE PIE. — Pauvre enfant, tu l'aimes trop.

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