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LE PÈRE HUMILIÉ 585

Mais il est plus sage que moi, les chevaux et les armes sont plus mon affaire que les livres,

ORIAN. — Vraiment, ce qu'il dit est si bête qu'il vaut mieux ne pas y répondre.

ORSO. — C'est lui qui m'a ramené à vous, Père, quand je m'égarais tristement.

ORIAN. — Non pas moi, Orso, mais la grâce de Dieu, et les prières de notre mère, et le bon sang qui coule dans tes veines.

ORSO. — Père, il est mon aîné, regardez-le ! Il est grand. Je l'aime, je l'admire.

C'est à lui de décider tout, et moi, je le suis où il va.

Dieu m'a tout disposé pour être son frère, le second avec lui, ce qui était en plus quand on l'a fait. Pour l'aider, pour l'aimer, pour faire ce qu'il me dit ; et non pas pour prendre ce qui est à lui et pour lui causer aucune peine.

LE PAPE PIE. — Je sais que tu es un bon enfant, mon Orso.

ORSO. — Alors est-ce que je vais lui prendre la femme qu'il aime ?

ORIAN. — Père, n'écoutez pas ce qu'il dit.

ORSO. — Ah, j'ai eu bien du mal à lui arracher cet aveu. Je le voyais si sombre et si fermé. Et je sais qu'elle l'aime aussi.

ORIAN. — C'est triste d'entendre de telles sottises.

LE PAPE PIE. — Est-ce vrai, Orian ? Eh quoi, mes enfants, êtes-vous si grands déjà, il me semble que je vous vois tout petits encore. Voilà que vous voulez prendre femme et le vieux Père ne vous suffit plus !

ORSO. — Si fait, Saint Père, nous du moins nous serons toujours avec vous.

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